Baptême de deux nouvelles traverses à Tramelan
Un projet, une collaboration, deux objectifs - rappel
La Commune de Tramelan et l’Association Parc Régional Chasseral mènent un projet commun à Tramelan : celui de revitaliser les nombreux passages piétonniers qui jalonnent le village ; ces derniers sont, dans leur grande majorité, orientés nord – sud et relient les rues communales orientées, elles, est-ouest. Ils sont un lien indispensable entre les différents quartiers du village et sont empruntés quotidiennement par la population.
Dans ce cadre, quelques objectifs ont été fixés : revitaliser ces passages par leur végétalisation, les rendre plus conviviaux et leur donner un nom.
Il a été décidé de donner à ces voies piétonnes le terme générique de traverse, à l’exception de celles à qui, entre 1937 et 1952, les autorités de l’époque ont donné l’appellation de ruelle, passage, chemin, voire de rue, termes enregistrés sur le cadastre et difficilement modifiables.
La première traverse qui a déjà reçu un nom relie, depuis 2023, la Rue du 26-Mars à la Rue Chautenatte, à l’est du préau de l’Ecole primaire La Printanière, c’est la Traverse Sans Dessus Dessous.
Soixante traverses, toutes un nom
Tous les passages piétonniers de la zone habitée ont été recensés par une commission communale ; au nombre de soixante, ils se sont vu attribuer un nom respectant les directives cantonales contenues dans le Guide de rédaction pour les toponymes du Jura bernois. Ces noms sont tirés des domaines de la faune, de la flore, de l’histoire locale, de l’activité économique, de la topographie ; certains sont des patronymes rendant hommage à des personnalités qui ont marqué la vie du village. Pour une partie de ces traverses, il a été décidé de conserver le nom qui leur avait été donné avant la fusion des deux communes de Tramelan-Dessous et Tramelan-Dessus ou au moment de celle-ci.
On comprendra que les toponymes choisis ne soient pas dévoilés ici et maintenant, le but étant de maintenir un suspens lors de chaque baptême de ces traverses. Ces prochains jours, deux nouvelles plaques de rue seront posées sur deux de ces voies piétonnes.
Le Pétie … un peu de patois tramelot
Pour les gens du quartier du Bas du Village de Tramelan-Dessus, ce nom est familier ; c’est là que les premières maisons du « village dessus » ont été bâties ; en 1511, on recensait 18 maisons à Tramelan-Dessus, principalement concentrées dans ledit quartier.
En réalité, il s’appelait « officiellement » Le Péquié, dont on retrouve les graphies Le Péquier, Le Péquiert ou Le Pécaux sur différents plans, à différentes époques ; Le Pétie est le nom patois utilisé par les gens du lieu.
Ce lieu-dit est attesté au moins depuis 1819 sur un plan local. On peut émettre l’hypothèse que le terme Le Pétie, certainement connu et utilisé bien avant, est une déformation de l'oral, le "q" ayant été une fois compris comme un "t", utilisé depuis, avec le son final en -i- "long".
Le toponyme vient du latin PASCUUM, « pâturage » ; il désignait, à l’origine, un pâturage communal. Il a le même sens que Les Paquies, lieu-dit de Tramelan-Dessous.
La voie piétonne qui portera le nom de Traverse du Pétie relie la bretelle ouest de la Rue Méval à la Rue de l’Ouest ; de nos jours, les plans officiels englobent souvent ce passage dans la Rue Méval. Le choix d’utiliser Pétie plutôt que Péquié est justifié pour deux raisons : d’abord la volonté de conserver un terme du parler local, rappelant qu’il existait bien un patois à Tramelan, attesté jusqu’en 1924 par des locuteurs ; ensuite pour différencier le nom de la traverse du nom de quartier déjà cadastré Le Péquié.
Montotez … une énigme
Si vous demandez aux Tramelot-e-s où se trouvent Les Lovières ou La Marnière, ils n’auront aucun problème pour situer ces deux lieux-dits. En revanche, si vous leur demander de localiser Montotez, …
Ce lieu-dit est attesté depuis 1854 sur les plans locaux ; c’était un ensemble de champs qui, à l’époque, était entouré par Sous le Saucy au nord et à l’ouest, par la partie orientale de La Combe des Arses au sud-ouest et au sud, par Le Coin, appelé aussi La Côte, au sud-est et par À Plain à l’est. De nos jours, on peut en décrire le contour plus simplement : c’est, approximativement l’espace compris dans la boucle ouest de la ligne de chemin de fer entre Tramelan gare et Le Chalet, celle qui enserre la Rue des Prés ; le lieu-dit originel déborde un peu à l’ouest de ladite boucle du chemin de fer, en direction du Creux du Loup.
A l’exception du cadastre, ce nom de lieu a disparu des cartes, conformément aux directives cantonales récentes en matière de nomenclature : les lieux-dits qui recouvraient originellement un espace ouvert mais qui ont été « effacés » par l’extension des zones bâties ne doivent plus apparaître sur les cartes.
Alors, pour conserver cette appellation, les responsables du projet des traverses ont décidé d’attribuer logiquement le nom de Traverse de Montotez au seul passage piétonnier proche du lieu-dit originel, celui reliant le Chemin des Primevères à la partie sud de la Rue des Prés.
Quant au toponyme, il reste un mystère ; les sources historiques et linguistiques consultées n’ont pas permis d’en retrouver le sens ; tout au plus, l’hypothèse suivante peut être avancée : le préfixe mont-, relié à montagne, indiquerait une caractéristique du relief de l’endroit, crédible après un déplacement sur le terrain puisqu’on se trouve en haut d’une pente. Le suffixe -otez pourrait être une forme patoise locale, déformation possible d’un mot dont le sens reste une question ouverte.
Déjà sur le cadastre
Ces deux nouvelles nominations ont été officiellement inscrites au cadastre ; elles sont visualisables sur www.geojb.ch. Les plaques de rue sont également installées. L’occasion de faire un détour dans le village pour voir les Traverses Sans dessus Dessous, du Pétie et de Montotez ou encore le Chemin des Rinsures et celui des Cibles, du côté des Lovières.
Le comptoir d’automne de Tramelan qui se déroulera du 15 au 17 novembre prochain sera également l’occasion d’échanger à ce propos grâce la tenue d’un stand communal sur cette large thématique.
Un grand merci à M. Raoul Voirol pour son immense travail sur les lieux-dits et la rédaction du présent article.